Les salaisons de l’aubépine

La fine fleur du cochon sur Belle-Île-en-Mer
À Belle-Île-en-Mer, une nouvelle ferme d’élevage plein air voit le jour avec un objectif ambitieux : contribuer à l’autonomie alimentaire de l’île en produisant localement de la viande de porc bio et une gamme artisanale de salaisons. Baptisé Les salaisons de l’Aubépine – La fine fleur du cochon sur Belle-Île-en-Mer, ce projet s’inscrit dans une volonté forte de relocalisation alimentaire, de préservation des paysages insulaires et de transition écologique.
Installée sur 7 hectares, la ferme accueillera ses premiers cochons à l’automne 2025, pour une commercialisation des premières viandes fraîches dès le printemps 2026. Environ 50 porcs seront élevés chaque année, soit une production estimée à 3,5 tonnes de viande, entièrement destinée à la vente directe auprès des habitant·es de l’île.
Ce projet est porté par Mary-Anne Bassoleil, engagée de longue date dans le redéploiement d’une agriculture nourricière sur les territoires insulaires.
Restaurer les paysages et préserver la biodiversité
L’élevage s’implante sur des terrains laissés en friche depuis plusieurs décennies, aujourd’hui colonisés par des arbustes comme l’aubépine, le prunellier ou l’ajonc. En optant pour un élevage plein air intégral, le projet valorise ces paysages en permettant aux animaux d’évoluer sur des parcours arborés adaptés à leurs besoins naturels.
La ferme adoptera un mode de production en agriculture biologique, avec des porcs de race rustique (Duroc, Porc Blanc de l’Ouest), bien adaptés aux conditions de vie en extérieur. Une partie de leur alimentation proviendra également de co-produits d’une brasserie bio locale, renforçant encore l’ancrage territorial du projet.
Une gamme de salaisons pour diversifier les débouchés
Aujourd’hui, la viande de porc produite localement ne couvre qu’une infime part des besoins alimentaires de Belle-Île (environ 10 tonnes produites pour 212 tonnes consommées par an). Il n’existe par ailleurs aucune salaison issue de l’élevage local. Pour combler ce manque, le projet prévoit de lancer une gamme de saucissons et de saucisses sèches à partir de l’été 2026.
La viande sera abattue et découpée sur l’île, mais l’atelier collectif actuellement disponible ne permet pas de produire des salaisons. C’est dans ce contexte que le soutien que nous avons apporté au projet, grâce à l'implication de vous toutes et tous, et de vos entreprises, joue un rôle essentiel : le financement accordé donnera un coup de pouce à Mary-Anne Bassoleil pour acquérir un séchoir à saucissons professionnel, un équipement indispensable pour initier son activité de transformation artisanale.
Grâce à cet appui collectif, Les salaisons de l’Aubépine pourront proposer des charcuteries sèches locales, sans additifs controversés (comme les sels nitrités), et issues d’une méthode de fabrication traditionnelle, favorisant une alimentation plus responsable et ancrée dans son territoire.
Relocaliser, sensibiliser, transmettre
Les produits seront proposés en vente directe, sous forme de colis de viande et de charcuteries, à destination des habitant·es et artisan·es de l’île. En rejoignant le groupement Au coin des producteurs, la ferme s’insérera dans un réseau local actif qui favorise les circuits ultra-courts, la pédagogie auprès du public scolaire, et les rencontres avec les consommateurs.
Le projet cherche également à sensibiliser à une consommation de viande plus sobre, mais de meilleure qualité, et à faire connaître les différences nutritionnelles et environnementales entre une charcuterie industrielle et une charcuterie issue d’un élevage plein air et bio.
En diversifiant sa production avec des salaisons artisanales, la ferme assure aussi une stabilité économique : ces produits secs, plus faciles à stocker et à écouler pendant les périodes festives, viendront compléter la vente de viande fraîche.
Un projet ancré dans son territoire
L’exploitation est accompagnée techniquement par le Groupement des agriculteurs bio du Morbihan (GAB 56), et s’inscrit pleinement dans les objectifs du Projet Alimentaire Territorial de Belle-Île-en-Mer, qui vise à augmenter la part de l’alimentation produite localement (actuellement inférieure à 5 %).